27 octobre 2023
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Où l'on découvre une artiste insoumise et des ananas dédaignés
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Vue aérienne d'un champ d'ananas, Oahu, Hawaï, 2005. Photo : Carol M. Highsmith
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Hawaï, 1938. Georgia O’Keeffe arpente les champs de canne à sucre, l’œil en quête d’inspiration. Pourtant, ces paysages luxuriants ne sont pas la véritable raison de sa présence sur l’archipel…
En réalité, Dole, la célèbre entreprise productrice d’ananas, lui a fait une offre alléchante : un voyage gratuit à Hawaï pour peindre leur produit phare dans le cadre d’une future campagne publicitaire.
Bien qu’O’Keeffe n’apprécie pas les commandes, cette offre arrive au moment opportun.
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Georgia O'Keeffe, Waterfall - No.1 - 'Iao Valley - Maui, 1939, huile sur toile, 48 x 40 cm, Memphis Brooks Museum of Art, États-Unis, © Adagp, Paris, 2025
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Entre les frasques de son mari et les critiques qui trouvent son travail un peu trop répétitif, cela semble être la parfaite échappatoire.
Dès son arrivée, l’artiste est éblouie par les paysages : des champs d’ananas argentés à perte de vue, des montagnes majestueuses…
Mais plutôt que de céder aux exigences de Dole, O’Keeffe suit son instinct et peint ce qui l’inspire vraiment : des papayers, de la lave figée, des cascades… Tout, sauf des ananas !
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À gauche : Formation semblable à un "pont de lave", Parc d'État de Waianapanapa, 2018. Photo : Christoph Strässler / À droite : Georgia O'Keeffe, Black Lava Bridge, Hana Coast, No.2, 1939, huile sur toile, 15 x 25 cm, Honolulu Museum of Art, Hawaï, © Adagp, Paris, 2025
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La faute à Dole, qui lui impose des conditions peu propices à la création : interdiction de dormir près des plantations (il est inconvenant pour une femme d’être parmi les ouvriers, selon eux), obligation de travailler en studio, et des ananas soigneusement pelés et préparés, privés de leur beauté naturelle. Pas de quoi inspirer une artiste de son calibre !
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Georgia O'Keeffe, Pineapple Bud, 1939, huile sur toile, 48 x 40 cm, Collection privée, Santa Barbara, Californie, © Adagp, Paris, 2025
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Frustrée, l’entreprise insiste pour qu’elle honore sa commande. Ils vont même jusqu’à lui envoyer un ananas directement chez elle, au Nouveau-Mexique, après son départ. Et là, miracle ! L’artiste tombe enfin sous le charme de ce fruit.
Fidèle à son style, O’Keeffe n’en peint qu’une partie : les feuilles pointues, qu’elle habille de rouge, vert et orange éclatants. Le résultat est à peine reconnaissable, mais suffisamment audacieux pour satisfaire, enfin, l’équipe marketing de Dole.
Ainsi, l’art et le commerce ont fini par trouver un terrain d’entente… à la pointe d’un ananas.
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"Je devais créer un équivalent de ce que je ressentais face à ce que je regardais – pas le copier." Georgia O'Keeffe
Racontée par Simone Greco
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Published by "espace des arts"
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