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"Deux artistes complémentaires, les lieux se prêtent à la cohabitation fructueuse pour le visiteur de la peinture aux murs et de la sculpture au sol. Côté peinture, Françoise Utrel. Elle ne joue pas dans la catégorie, je peins comme on file. mais dans celle des gens qui prennent acte de leur être, de ce qui le mobilise, l'exalte, le chagrine ou le blesse, et de ce qui plus fort encore le redresse et porte au plus haut du défi. Un être, c'est-à-dire, un je dans un corps et un corps dans un temps. Le nôtre n'est pas le plus aimable, il déchire et abat, quelquefois. Françoise Utrel va au plus vif, au plus ouvert, aux formes (juxtaposées, suspendues ou empilées) qui ne perdent pas leur force à trop bavarder sur l'intime quelle que soit la couleur et le tracé rectiligne ou ondulant de la ligne de partage entre l'intime et le public.
Côté sculpture, voilà Michel Jacucha et un créateur qui par son expérience et son éthique de travail renvoie dans les cordes puis met K.O. les derniers tenants de la sacro-sainte distinction de l'art et de l'artisanat. Avec Michel Jacucha, nous sommes dans l'atelier du dépassement. Sans doute faut-il jouer avec le feu pour y parvenir et tourner le dos aux orateurs d'un design correct pour s'alimenter à des mythologies plus poétiques et fantastiques, plus inouïes et excitantes aussi. Le sculpteur maîtrise toute la chaîne, de la matière initiale, cire, à l'objet plastique final, fondu en bronze. Il n'attend pas que les dividendes lui tombent des nues. Il sait bien lui que le profit, il le tient en ses mains et qu'il ne lui échappera pas tant qu'il le préserve d'un excès de raison comme d'un excès d'aventure...Un art humaniste, sans doute, mais dans ses premières démarches. Un art avec une belle part de bestiaire, mais où chaque "bête" échappe à une stricte définition identitaire. Les pièces que Michel Jacucha expose, il les appelle humblement "Bronzes d'atelier".
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